Pourquoi Proudhon ?

Nous parlons souvent de Marine Le Pen et du Front National, il est vrai que cette extrême droite est visible, présente dans le bassin minier et active au sein du mouvement fasciste. Mais les fascistes cultivent aussi d'autres formes de propositions politiques. Il existe bien une diversité de groupes politiques qui portent des propositions stratégiques différentes. L'une de ses propositions nous intéresse particulièrement, car elle se développe dans des régions comparables à la nôtre. Les nationalistes autonomes "à la française" créent des groupes de jeunes sur le modèle allemand. Des groupes existent en Lorraine, en  Aquitaine et un autre vient de se créer en Picardie.

 

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Ces nationalistes autonomes sont des nationalistes révolutionnaires. Leur proposition est avant tout culturelle : pour créer de l'agitation politique, ils tentent de faire régner une ambiance fasciste. Pour celà, ils regroupent des fascistes de différents horizons, qui gomment leur divergences au profit de pratiques communes. Parmi ces pratiques, le pastiche, le détournement de codes constitue une tendance. Les codes antifacistes tels que les logos, ou l'imagerie des révolutionnaires, comme l'action antifasciste l'a déjà expliqué, sert notamment à renforcer l'idéologie de la confusion : pour les fascistes, rien n'a de sens, seul compte le style.
C'est parce qu'ils suivent cette démarche que les nationalistes autonomes tentent de récupérer le double drapeau utilisé par l'action antifasciste depuis les années 1930 : le but premier est l'anti-antifascisme.

 

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La manoeuvre consiste, dans un second temps, à tenter d'attirer vers le nationalisme révolutionnaire des personnes en révolte. Il faut ici voir qu'il s'agit d'une stratégie réfléchie de détournement de la révolte légitime contre l'état capitaliste. On peut donc repousser l'argument classique d'une certaine classe d'antifascistes qui considèrent que les fascistes seraient des personnes "perdues" qui se "tromperaient de combat". Ainsi, l'exemple des nationalistes autonomes nous permet de constater que les fascistes ne sont pas inconscients, mais qu'au contraire ils développent une stratégie en vue de canaliser et de détourner des personnes révoltées qui auraient pu atteindre les intérêts de la bourgeoisie.
Rien d'étonnant dès lors que l'imagerie "libertaire" soit littéralement pillée par les fascistes. Il en est ainsi du drapeau noir, couramment utilisé par les royalistes, dont l'un des slogans est "la monarchie, c'est l'anarchie plus un". Il en est ainsi également de Proudhon, l'un des pères fondateurs de l'anarchisme. Mais alors, pourquoi Proudhon, et pas Engels ou Rosa Luxembourg ?

Au sein du mouvement libertaire, beaucoup considèrent que cette récupération par les fascistes est une provocation à leur encontre. Les fascistes cherchent la bagarre aux anarchistes, c'est sur. D'autres y voient une preuve du caractère authentiquement subversif de l'idéologie libertaire. Zeev Sternhell apporte une explication qui tient de tout cela, en y apportant un élèment souvent négligé par les anarchistes de france eux-même.

 

           "Pourquoi Proudhon? Des ses origines, l'Action Française considère l'auteur de philosophie de la misère comme un "maître".Le philosophe tient une place de choix dans la chronique hebdomadaire, précisément intitulée "Nos maîtres", de la revue du mouvement. Cette place que lui consacre l'Action Française, Proudhon la doit, bien sûr, à ce que les maurassiens considèrent comme son antirépublicanisme, son antisémitisme, sa haine de Rousseau, mon mépris pour la Révolution, la démocratie et le parlementarisme, son apologie de la nation, de la famille, de la tradition et de la monarchie.
    Les cahiers du Cercle Proudhon reprennent à leur compte ces thèmes, en mettant, toutefois, davantage l'accent sur le socialisme proudhonien. De plus, et à la suite de Maurras, qui lui rendait hommage parce que, "abstraction faite de ses idées, Proudhon eut l'instinct de la politique française", les cahiers ne manquent pas de signaler combien il faut vénérer un homme qui, en plus de sa passion pour l'ordre, s'applique à démontrer la suprématie de la France et à exiger pour la nation française, "d'où s'élève la plus haute fleur de la civilisation humaine", le droit de commander au reste de l'Europe. Valois, pour sa part, insiste sur la "passion révolutionnaire qui anime Proudhon" et qui, plutôt que de l'amener à diriger ses foudres contre la société française et la propriété, le fait se lever contre les vrais coupables: le capitalisme juif et l'ordre social imposé par l'étranger. Quant à Berth, il montre aux maurassiens un Proudhon pratiquant un socialisme "gaulois", paysan, guerrier, ayant un profond sentiment de l'unité et de l'ordre, un socialisme puisé "à la pure source française". "Il a osé dire plus franchement qu'aucun autre", écrit Gilbert Maire, "l'unité de l'action directe, la beauté de la violence au service de la raison".

 

   
C'est donc la volonté d'immédiateté des anarchistes qui est convoitée par les nationalistes révolutionnaires. C'est la nature instinctive de la pratique révolutionnaire anarchiste, celle qui a donné l'action directe, qui est vue comme une clé par les fascistes. Mais si les fascistes convoitent les bombes à renversement des nouveaux Ravachol, c'est pour les détourner de leur cible originelle. Les fascistes sont au service des oppresseurs, c'est pourquoi il sont prêts à tout pour que les insurrections anarchistes n'atteignent pas la bourgeoisie. Proudhon, le patriarche de l'anarchie "so french", chrétien, nationaliste, et antisémite est une figure précieuse pour les fascistes. 

 

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