A propos des élections municipales à Hénin Beaumont.


Le Front national n'a pas emporté la mairie d'Hénin-Beaumont. La liste de Daniel Duquenne, soutenue par la quasi-totalité des partis politiques, y compris l'UMP, a obtenu 52,38 % des voix. La liste FN conduite par Steeve Briois et Marine Le Pen a recueilli 47,62 % des suffrages. Le taux de participation qui avait atteint 60,15 % au premier tour, a atteint dimanche 62,38 %.


Le FN progresse donc de 10 points, soit d'environ 1000 voix, et obtient 8 sièges au conseil municipal.


Si Steeve BRIOIS n'est pas Maire cette fois, il est impossible de voir dans ces résultats une défaite électorale du FN.


Briois est un personnage atypique, loin d'être la marionnette de Marine Le Pen, il est l'acteur principal de la réussite du FN à Hénin Beaumont. Par ailleurs, il n'est pas un pur produit du FN, en effet, il a voyagé du FN au MNR, avant d'être à nouveau investi par un FN qui avait besoin de victoire.
Steeve BROIS se définit lui-même comme l'enfant du Pays, et le fait est que beaucoup le reconnaissent comme tel, et apprécient qu'il ne soit pas un "parachuté". C'est son travail de militantisme qui permet aujourd'hui d'asseoir sa légitimité auprès des habitants de Hénin-Beaumont.


Comme nous l'avons déjà remarqué, le programme électoral de Steeve BRIOIS est clairement tourné vers les intérêts de la petite-bourgeoisie. En effet, il fait de la défense du petit commerce et de la sécurité l'axe principal de sa politique, la baisse des impôts locaux et les projets urbains favorables à la propriété privée du foncier étant les arguments les plus utilisés par la propagande de la liste "Hénin Beaumont renouveau".


Les artisans et petits commerçants du centre Ville sont confrontés à la concurrence directe du Centre Commercial Auchan Noyelles Godault, dont les 22 000 m² de surface de vente aspirent toute activité commerciale. Outre le supermarché (le plus grand de la marque en France), une zone entièrement aménagée, asphaltée, avec ses rond-points et ses feux rouges, est dédiée à l'aménagement de l'habitat, tandis qu'une autre est consacrée à la restauration et aux loisirs.
Ce pôle commercial est le fruit d'un projet de développement économique élaboré par les municipalités sociales-démocrates qui se sont succédées depuis 30 ans, encourageant sans cesse l'essor de la grande distribution, ainsi que de l'intercommunalité (Communauté d'agglomération d'Hénin Carvin), qui a "vendu" le projet à Auchan et à ses partenaires.
Steeve Briois écume les rues et les marchés de Hénin-Beaumont depuis des années, accompagnés de militantEs qui lui sont dévouéEs, et ce, que des échéances électorales approchent, ou non. Ce contact direct avec les commerçants lui a permis de développer un argumentaire en leur faveur. Il a gagné leur confiance, et son projet de réaménagement urbain, visant à redynamiser et à sécuriser le centre ville, séduit nombre de nostaligiques du Hénin prospère et vivant de " l'époque bénie des houillères".
En dehors des petits commerçants, le centre commercial mécontente d'autres habitants. Steeve Briois a été le premier à différencier les Héninois des Beaumontois, depuis la fusion des communes de Hénin-Liétard et Beaumont en Artois en 1971. Cette distinction n'est pas neutre : Beaumont faisait figure de village à dominante agricole avant que le centre commercial Auchan ne s'implante. De nombreux petits propriétaires, employés en dehors de Hénin, cherchant le calme de la campagne avaient investi dans la pierre beaumontoise, et se trouvent aujourd'hui dans l'insécurité quant à la réalisation de leur plus-value à la revente. De plus, durant la même période, ces mêmes personnes, qui craignaient pour leur bien, ont vu les impôts locaux doubler en six ans, au cours du mandat de Dallongeville.


Hénin Beaumont a une culture ouvrière, de nombreuSEx HeninoiSEs ont fait l'histoire du mouvement ouvrier, ont versé leur sang : PCF, SFIO et CGT y faisaient le plein d'adhérentEs. C'est cet héritage ouvrier familial, culturel, qui a permis à la sociale-démocratie de s'imposer.
D'abord, à l'époque de l'industrie lourde, de la métallurgie, de la mine, en détournant les ouvrierEs de leurs aspirations révolutionnaires, le vieux syndicat et ses alliés parlementaires ont imposé la "raison", le bon sens, en s'alliant avec le patronat pour s'imposer en médiateurs.
Ensuite, alors que la crise des années 70-80 menaçait les emplois et la vie des ouvrierEs, les socio-democrates ont désamorcé les volontés révolutionnaires en promettant d'abord de sauver les industries lourdes, puis, de restructurer l'économie locale en attirant des entreprises, ou en développant l'emploi public territorial.
Enfin, aujourd'hui, les socio-traitres se postent en garants de la démocratie, en rempart contre la "bête immonde", et appellent les ouvrierEs à se remémorer leurs valeurs progressites, dont ils seraient eux-mêmes les légitimes représentants.


Leur programme est un vide politique, leur existence ne tient qu'à la "morale républicaine", la sauvegarde des institutions, envers et contre tout.


Bien sur il y a les magouilles de l'ancien maire PS, qui heurtent légitimement la morale des habitantEs, et qui permettent sans doute à Brois de ralier à lui au son du refrain habiuel de "tous pourris". Mais au delà, Briois a su s'éloigner des clichés de l'extrême droite.
Il dit ne pas être raciste, le slogan "les français d'abord" ne figurent plus sur ses documents depuis 2001. Il dit ne pas être sexiste, la parité est respectée, et de nombreuses femmes militent au côté de Steeve. Notons que même la flamme du FN ne figure ni sur ses documents de campagne, ni sur son blog, qu'il tient personnellement depuis de nombreuses années.
Même si les commentaires de e-héninoisES sont nombreux, ses liens avec les habitantEs de la Ville vont au delà de l'internet : ses militantEs mènent de réelles enquêtes sociales dans les quartiers, connaissent les problèmes, fédèrent des aspirations et des colères.
Briois, à lui seul, a rassemblé près de 48% des votantEs. Marine Le Pen, quoi qu'en disent les médias, n'était que numéro 2.


Si Briois est intervenu en ouverture du congrès national du FN qui s'est tenu à Arras les 14 et 15 Mars 2009, c'était pour signaler à quel point sa stratégie avait été fructueuse. Il n'a pas abordé les thèmes de l'immigration ou de la France éternelle, mais s'est concentré sur l'offre politique.


Briois est un quasi-fasciste, en ce qu'il aspire à occuper un mandat politique local, ancré dans le paysage politique institutionnel. Briois est un pré-fasciste, en qu'il entend amener les éléments culturels et économiques locaux compatibles avec un projet fasciste global.
En effet, positionné en rebel, censé lutter seul contre tous  au delà des apparences, Briois a développé une stratégie identitaire. Prétendant oeuvrer pour le bien des héninoiSEs et des beaumontoiSEs, Briois fait appel à nos racines régionales, familiales, sociales, pour consolider un paternalisme économique et politique.


Le rôle de Steeve Briois au sein du mouvement fasciste n'est pas à négliger. Il peut être vu comme une interface entre les nationalites et les identitaires, il nous montre par sa stratégie politique, comment un pro-fasciste peut créer un terreau favorable à la rencontre des identitaires et des nationalistes en terre ouvrière.


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Le savoir est une arme. L'antifascisme doit être armé.
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