Offensive de la culture baroque contre les femmes : l'exemple d'un magazine féminin

Publié le par Action Antifasciste Artois: Bassin minier en force


Les magazines dits "féminins" s'intéressent depuis leur origine à la mode, c'est-à-dire à l'allure que veut donner la bourgeoisie aux hommes et aux femmes de l'époque. Dans Cosmopolitan de décembre 2010, la rubrique "cadeaux émotions - effet joie" nous apprend beaucoup sur l'humeur de la bourgeoisie. Traditionnellement, les fêtes de fin d'année sont pour la bourgeoisie le moment de "remettre les compteurs à zéro". 2010 a vu la crise du capitalisme accélérer, la bourgeoisie est en mode "décadent subversif", tournée vers la destruction, le nihilisme, la perte de repère...

 

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1. Pin's en argent émaillé, 85 euros l'un.
Les pin's sont des petits accessoires de la culture populaire. Ce sont des dérivés des clous utilisés par les punks dans les années 80 pour décorer leurs vêtements. Dans les années 90, les pin's ont fait l'objet d'une utilisation commerciale à grande échelle : de nombreuses entreprises s'en sont servi comme support de pulicité. Offerts en cadeau, les gens en ont fait des collections. Souvent on les retrouve dans des vides-grenier rangés dans des classeurs, ou piqués sur des panneaux de liège.
85 euros pièce ? "Wizzz", "Pop" "Blop", le message tente de faire "pop". Mais à ce prix, il est clair qu'ils sont destinés aux bourgeois qui veulent se la jouer peuple ! De plus, la référence à la chanson "Comic strip" interprêtée par Brigitte Bardot, proto-fasciste remise en avant cette année, donne une orientation politique évidente à qui portera ces accessoires.

2. Appareil photo numérique "lego".
Les appareils photos numériques sont un progrès technique important. Ils permettent aujourd'hui de produire des images d'une grande qualité. Les images produites au moyen de tels appareils peuvent être imprimées en très grand format sans perdre en qualité. Il y a quelques années déjà, un courant artistiques dit "lomographique" a lancé une réaction contre le progrès technologique que représente la photo numérique. Ces photographes utilisent des appareils argentiques (c'est à dire qui marchent avec des pelicules, comme les jetables), rudimentaires, trouvés lors de voyages en ex-URSS ou dans les pays asiatiques. Le but de ces photographes est de s'imposer des contraintes techniques, d'ajouter de l'imprévu dans la réalisation, car ces appareils sont souvent peu fiables. Le lomographe cherche aussi à prouver qu'on peut créer des images interessantes avec des moyens dérisoires, sans opter pour une technologie onéreuse et complexe.
L'appareil photo "légo" joue sur un look proche de certains appareils lomographiques, comme le Holga par exemple. Mais il est numérique, cher, et avec une faible résolution. C'est-à-dire qu'il cumule tous les inconvéniants...se moque de toute notion d'engagement ou de prise de position.

3. Serre-tête en Suède et plumes d'oie.
Faussement primitif, car imitant la coiffe des chefs tribaux amérindiens, cet objet, réservé à une élite sociale (222 E), est parfaitement inutile. Il semble juste vouloir dire : je suis riche, je peux être ridicule, car je te domine.

4. La broche en smiley et perles est vraiment un accessoire intéressant. Intéressant parce qu'il signifie vraiment la volonté de mélange des sens que veut opérer la bourgeoisie. Avant d'être utilisé pour marquer nos humeurs sur le net ou dans les SMS, le smiley est un symbole de contre-culture. A la fin des années 80, le smiley est intimement lié à la culture Techno en angleterre et au Benelux : il est lié à la fête, à la danse et aux drogues de synthèse qu'on découvre à l'époque : speed, et surtout extasy. Les perles quant à elles sont utilisées comme parure des reines depuis le moyen-âge. En collier, les perles forment l'attribut bourgeois total : couteux, luxueux, indémodable. Parfaitement classique.
Cette parure est à l'image de la bourgeoisie à laquelle elle est destinée : un mélange de rigueur et d'irresposabilité (auto)destructrice.
Le kit à cocktail "happy hour kit" est, dans ce sens également complêtement décadent. Sur le modèle des kits de premiers secours, la bourgeoisie en perdition pourra s'offrir un shoot d'alcool dans toutes les circonstances et en tous lieux.

5. L'objet sans doute le plus effroyable de cette page "de mode" : les escarpins "Bambi" en cuir , signés Charles de Castelbajac font froid dans le dos. Bambi est, rappelons-le un personnage d'un dessin animé de Disney. Il s'agit d'un faon qui vivra un parcours initiatique parfois drôle, souvent émouvant. Le film commence par un évènement tragique, bien que réaliste : la mère de Bambi est tuée par un chasseur. Toute l'histoire de Bambi découle de ce fait premier : la mort d'un animal. Quel cynisme dégueulasse de la part du "créateur" de cette chaussure : il propose à sa clientèle riche et désabusée de mettre son pied dans une chaussure faite de la peau d'un animal. La chaussure représentant elle-même le "visage" de Bambi.

Cosmopolitan veut nous vendre l'attitude dans laquelle il faudrait être pour bien finir 2010, et commencer 2011. Si l'on cumule les objets présentés ci-dessus, on obtient une somme d'extravagances, de fausse ouverture d'esprit qui cache en fait un grand cynisme. Le mensuel se fait la vitrine de la bourgeoisie qui produit une culture baroque, décadente, et porteuse de mort. Cette culture est pré-fasciste, elle porte en elle le non-sens, préalable nécessaire à l'acceptation de la barbarie. Le fait pour les dominants de cibler les femmes n'est pas neutre, il correspond à une stratégie. En effet, les femmes, victimes de l'oppression patriarcale sont particulièrement aptes à s'insurger contre la barbarie. Atteindre les femmes constitue donc une étape. Au même titre que les blagues sur les blondes sont un moyen d'insensibiliser les femmes à la violence sexiste, l'offensive baroque dans les magazines féminins est un moyen d'insensibiliser les femmes à la barbarie fasciste.

 

Le rôle des antifascistes est donc de soutenir les femmes qui luttent contre l'offensive culturelle de la bourgeoisie et des fascistes. Car il n'y a pas d'antifascisme sans antisexisme !



Pelenop.fr & aaartois.fr,
novembre 2010

Publié dans Antifascisme

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