Le carnaval, comme celui qui aura lieu sur la côte une bonne partie du mois de février est une fête immense, qui rassemble durant près d'un mois des gens de toute la région, et d'au delà. Mais cette fête, si elle est « populaire » en ce qu'elle est fréquentée par toutes les classes sociales, répond depuis toujours aux intérêts des possédants, au détriment des exploitéEs.
Le carnaval est une tradition apparue au Moyen Age, en lien avec la célébration chrétienne du Mardi gras. Le mot « carnaval » a pour racine « carne », c'est-à-dire viande. Il s'agit de fêter les derniers jours durant lesquels le clergé catholique, qui faisait alors la loi, autorisait la consommation de viande. Après le carnaval, c'est le carême, une période d'abstinence. Le carnaval de Bailleul, centré sur le Mardi gras, est encore aujourd'hui fortement marqué par le dogme catholique.
Dans le même sens, le carnaval de Dunkerque est une fête organisée par les bourgeois, propriétaires de pêcherie, en accord avec le clergé. Il s'agissait alors de permettre une période orgiaque, un grand « chambard », durant laquelle les règles de moralité ne s'appliquaient plus. Les travailleureuses acceptaient mieux ainsi de voir partir les pêcheurs pendant les six mois nécessaires à la pêche à la morue, en Islande.
Aujourd'hui, le carnaval est un gigantesque marché. De nombreux « carnavaleux » prennent l'intégralité de leurs congés annuels à cette période, et consomment des hectolitres de bière, des kilos de viandes et de poissons. Les grands magasins et les industriels mettent en avant des produits du terroir, rappelant que pour faire un bon carnavaleux, il faut consommer.
Il est important de noter que le carnaval n'est qu'un moment, il s'agit d'une période de tolérance particulière avant l'austérité imposée. Si le pouvoir, féodal d'abord, puis bourgeois, accepte ainsi une courte période de liberté, c'est pour éviter la révolte. Si les fascistes "identitaires" mettent en avant le carnaval aujourd'hui, c'est pour les mêmes raisons : nous endormir.