femme de mineur, femme de seigneur.

On constate une répartition des rôles très tranchée entre les hommes et les femmes dans les quartiers populaires du Bassin Minier. Ainsi, par exemple, les femmes font les courses dans le supermarché, pendant que les hommes attendent dans la voiture stationnée sur le parking. De même, les femmes acceptent souvent des emplois pour quelques heures par semaine, ou moins payés que les hommes. Cette situation n'est évidemment pas « naturelle », mais est héritée. La culture « des mines », patriarcale et découpée par genre, est un héritage encore très présent. L'enseignement ménager familial, tel qu'il était conçu par les Houillères, préparait les jeunes filles à être les femmes des ouvriers mineurs de demain !

Autrefois, on a souvent dit "femme de mineur, femme de seigneur" pour exprimer l'idée que la femme de l'ouvrier mineur « ne travaille pas ». En fait, elle ne travaille pas dans un emploi salarié, mais occupe un emploi domestique à temps plein.

Jusque dans les années 1970, toutes les jeunes filles dont l'un des parents est membre du personnel des Houillères peuvent, gratuitement, suivre les cours des centres d'enseignement ménager et familial, réservés aux filles de 14 à 15 ans.
Elles reçoivent-là une instruction spécialement adaptée aux problèmes de la vie familiale dans le milieu de la corporation des ouvriers mineurs; ainsi, par exemple, sur le plan de l'alimentation, il y a un équilibre à rechercher entre le briquet que le mari emmène au fond et le repas qu'il prendra chez lui.
Au centre, la jeune fille apprend tous les soins qu'elle doit donner à jeune bébé, elle apprend à connaître les maladies de l'enfant. Elle apprend à couper et à confectionner des vêtements dans le but d'apporter des économies appréciables dans le budget familial tout en ayant des vêtements de bon goût.
Elle se verra enseigner les « règles de la bonne éducation familiale », des éléments de la législation applicables à la vie courante. Pour que demain, elle puisse connaître ses droits en matière de crédit à l'équipement ménager, les droits de son mari en matière de salaire, de retraites, les allocations familiales. On la préparera aussi à bien occuper ses loisirs par le sport, des études de milieu, l'audition de disques, des lectures, l'exercice du dessin.

Le but de ces centres ménagers et familiaux n'est pas de préparer les élèves à un diplôme, de fournir le savoir nécessaire à la formation d'un esprit critique. Leur objectif essentiel est l'entraînement à la vie pratique de tous les jours dans les moindres détails, et de placer les femmes dans l'obligation de vivre avec un mineur, sous sa dépendance économique. Tous les membres de la famille sont du coup sous la houlette des houillères.

Le site ami Pelenop.fr, féministe et matérialiste, a publié des articles très interessants, qui permettent d'approfondire ce thème qui n'est malheureusement pas confiné au Bassin minier. Par exemple, ici et là.

Merci à Pélénop.